Le programme de recherche RINALPOF « Risques naturels extrêmes sur les littoraux de la Polynésie
française : archives géologiques et modélisation » est financé par le Contrat de projets Etat-Territoire de la Polynésie française 2011-2013. Il s’articule autour d’une problématique centrée sur
l’identification des impacts géomorphologiques et des traces sédimentaires des
événements extrêmes ayant affecté les littoraux du territoire polynésien au
cours de l’Holocène. Ces littoraux représentent des espaces où le risque
d’inondation marine catastrophique est particulièrement élevé car les
caractéristiques topographiques des îles, le contexte géodynamique et les
conditions météo-marines se conjuguent pour augmenter la vulnérabilité de ces
espaces. En effet, une grande partie des îles océaniques pacifiques sont soit
des îles basses (archipel des Tuamotu) dont l’altitude maximale atteint 6-7 m , plus rarement 10 m , soit des îles
volcaniques hautes aux pentes fortes, ceinturées par une plaine d’origine
corallienne où se concentre l’essentiel de la population (Îles de la Société,
Australes) ; du point de vue tectonique, la Ceinture de feu du Pacifique
est caractérisée par l’activité sismique sous-marine la plus importante du
globe, ce qui génère de nombreux tsunamis locaux, régionaux voire
transocéaniques (Gusiakov, 2007). Enfin, la moitié ouest du Pacifique
tropical est également la zone où la cyclogenèse est la plus élevée de la
planète : en moyenne, chaque année, une dizaine de cyclones tropicaux
affectent le SW Pacifique. Lors des épisodes climatiques ENSO (El Niño
Southern Oscillation), la zone d’activité cyclonique migre vers l’est
au-delà de l’antiméridien et affecte, souvent durement, les îles et les
populations du Pacifique central (Terry & Etienne, 2010a, 2010b, 2010c).
Ainsi, le Pacifique en général et la Polynésie en particulier comptent parmi
les espaces les plus affectés, en termes de fréquence mais aussi d’intensité,
par les aléas conduisant à une inondation marine catastrophique.
Le contexte
démographique contemporain se caractérise par une littoralisation croissante
des peuplements, donc à une concentration des enjeux (humains et
socio-économiques) dans un espace étroit et à risque. Le tourisme polynésien
repose en grande partie sur l’exploitation du littoral à travers l’implantation
des infrastructures d’accueil ou les activités de loisir (plongée sous-marine,
tourisme lagonaire). L’industrie perlière exploite également des lagons en eaux
peu profondes qui peuvent être lourdement affectés par ces événements. Or les
événements extrêmes constituent des menaces sérieuses pour l’équilibre
socio-économique des états insulaires océaniens, tout événement pouvant
surpasser la résilience sociétale d’un Etat. D’ailleurs, les accords tripartites
FRANZ symbolisent la prise de conscience des États face à la dévastation
potentielle de leur environnement par les aléas extrêmes, qui représenterait la
perte d’une source de revenus importante, surtout pour des îles incarnant des
espaces naturels paradisiaques et aux revenus tournés vers l’exploitation du
littoral. Un événement extrême représente aussi un risque de perturbation
majeure de l’équilibre régional que les puissances de la région souhaitent
parer afin d’éviter d’assumer les répercussions sur le long terme (Mallatrait,
2009).
L’objet du
programme est donc d’estimer, de manière définitive, l’ampleur du risque
extrême sur les littoraux polynésiens à la lumière des avancées scientifiques
récentes (postérieures au tsunami indien de décembre 2004 notamment) en
matière d’interprétation des archives sédimentaires (reconstruction
paléo-environnementales pour une analyse rétrospective des risques) et de
modélisation des inondations marines (Paris et al., 2010 ; Etienne et
al., 2011; Jaffe et al., 2011). Différents proxies environnementaux vont être étudiés : archives sédimentaires des plaines littorales, champs de blocs récifaux, spéléothèmes karstiques, afin d'essayer de distinguer les types d'événements (tsunamis ou cyclones).
Coordinateur : Samuel ETIENNE
Participants : Raphaël PARIS, James GOFF, Catherine CHAGUE-GOFF, James Peter TERRY, Adam SWITZER, Isabelle COUCHOUD, Annie LAU, Ying Sin LEE.
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